Effet placebo et kinésiologie
Les techniques complémentaires à la médecine moderne sont parfois pointées du doigt : « C’est de l’effet placebo ton truc ». Mais savons-nous seulement ce qu’est l’effet placebo, comment il fonctionne et dans quelle mesure il est présent dans nos pratiques ? Je te propose de t’en dire un peu plus sur ce mécanisme incroyable de notre cerveau.
Quelques données
Définition de l’effet placebo
L’effet placebo c’est l’amélioration de l’état de santé du patient suite à la prise d’un comprimé, d’un liquide ou d’une injection ne contenant aucune substance active. Le Dr Henry Becher, médecin anesthésiste américain, a mis ce mécanisme en évidence durant la seconde guerre mondiale. En effet, manquant de morphine pour soulager ses patients, il leur a injecté une solution saline en leur faisant croire que cette injection était de la morphine. Il a pu constaté un soulagement de la douleur chez une partie des patients.
Nos pensées engendreraient cet effet placebo, appelé également effet contextuel. On ne sait pas encore si cela serait plutôt dû à :
- un conditionnement de type pavlovien (on sait que le doliprane agit sur la douleur, donc si je crois prendre un doliprane ma douleur disparait),
- ou si les attentes positives du patient sont à l’origine de ce mécanisme.
Quoi qu’il en soit, grâce aux recherches récentes sur le sujet, on peut établir que lorsque l’on traite la douleur par effet placebo, le cerveau met en place les mêmes mécanismes que lorsqu’on prend un antalgique. Il libère notamment de la dopamine et de l’endorphine. De plus, des études faites sur des chirurgies placebo montrent des effets spectaculaires et durables dans le temps.
« Les douleurs liées […] à l’angoisse sont les plus sensibles [à l’effet placebo] : jusqu’à 90% de réponse.«
– France Haour – INSERM
L’effet placebo en quelques chiffres
Ce mécanisme est tellement puissant qu’il fait partie intégrante du processus de recherche en pharmacologie depuis près de 70 ans. C’est d’ailleurs un des éléments de référence pour mesurer l’efficacité d’un médicament. En revanche, il n’agit pas de la même manière sur :
- une douleur comme la migraine (amélioration au sein du groupe traité par effet placebo de 26 à 32% en fonction des études),
- et sur les symptômes liés à une dépression (amélioration du groupe traité par effet placebo allant jusqu’à 75% pour certaines études), par exemple.
L’effet placebo sera particulièrement efficace sur les symptômes modulés par le cerveau : douleur, dépression, insomnies ou encore anxiété.
La kinésiologie exploite-t-elle l’effet placebo ?
Etant donné que les mécanismes de l’effet placebo sont encore mal connus, il m’est impossible d’apporter une réponse ferme à cette question. En revanche, j’ai noté des points communs entre ce qu’est l’effet placebo, ce qu’on sait de son fonctionnement et ce qui se passe lors d’une séance de kinésiologie. De plus, l’effet placebo est présent dans chaque parcours de soin. Prendre RDV chez le médecin, traverser la porte de son cabinet font déjà intervenir ce mécanisme.
Le but de la kinésiologie
La kinésiologie, comme beaucoup de techniques complémentaires, travaille avec le lien corps-esprit. On cherche à déclencher un processus « d’autoguérison » chez notre client-e, à redonner au corps et à la personne toute son potentiel. Dans les approches structurelles de la kinésiologie (comme les réflexes archaïques par exemple), on parle de montrer au corps une autre manière de faire. Ainsi, avec la charge émotionnelle de la séance, le cerveau intègre ce nouveau schéma. Et pourrait mettre en place une nouvelle stratégie pour aller mieux.
La séance de kinésiologie comme déclencheur
Si on affirme que :
- l’effet placebo est la mise en place, par notre cerveau, d’un mécanisme permettant de réduire ou supprimer les symptômes
- une séance de kinésiologie a pour but de redonner tout son potentiel au corps
Alors on pourrait dire que la séance de kinésiologie devient un éventuel déclencheur de l’effet placebo. En effet, on connecte le corps à de nouvelles manières de faire, on lui redonne toutes ses capacités d’adaptation. Puis, on lui permet de mettre en place un processus d’auto-guérison.
En venant interroger les mémoires du corps, en venant donner du sens et une histoire à nos symptômes, la kinésiologie nous permet de comprendre ce qui se joue dans notre corps. Cette compréhension, en plus de nous libérer des charges émotionnelles qui nous encombrent, permet sûrement au cerveau de mettre en place la meilleure stratégie pour aller de l’avant et aller mieux. La séance de kinésiologie nous permet, alors, de reprendre la main sur notre problématique.
Effet placebo mais pas que
Au delà de l’effet placebo qu’une séance de kinésiologie peut déclencher, cette technique complémentaire s’appuie sur des méthodes qui se font de plus en plus une place dans le paysage médical. Sans jamais venir remplacer les métiers de ces différentes spécialités, la kinésiologie s’enrichit de leurs pratiques. Permettant alors d’appréhender le-la client-e et sa problématique de manière plus holistique.
La psychologie et les neurosciences
Au cours d’une séance de kinésiologie, on va beaucoup échanger. Notamment sur les émotions, les besoins, etc… Un-e kinésiologue n’aura jamais les compétences, ni l’expertise des psychologues ou neuroscientifiques. En revanche, les écoles s’inspirent des méthodes utilisées et des découvertes faites dans ces branches scientifiques pour faire évoluer leurs enseignements et donc la pratique de leurs élèves.
Les techniques manuelles
La kinésiologie travaille beaucoup avec le corps. D’ailleurs, elle était principalement utilisée, à ses débuts, par les chiropracteurs. C’est une technique psychocorporelle. Elle allie l’émotionnel à la biochimie, la structure et l’énergétique du corps. Aussi, elle prend en compte les découvertes et techniques des méthodes structurelles comme l’ostéopathie. Cela permet de croiser les connaissances de différents domaines. Puis de comprendre davantage ce qui se joue durant une séance de kinésiologie.
La médecine traditionnelle chinoise et la dimension énergétique
Le plus grand pan de la kinésiologie reste celui de l’énergétique chinoise. Elle est l’assise d’une grande partie des protocoles que l’on retrouve en kinésiologie. Sans faire usage d’aiguille, en venant simplement stimuler, masser certains points réflexes, on vient agir énergétiquement sur les organes, les circuits énergétiques, équilibrer les différentes types d’énergies, etc… L’acupuncture, même si la science ne parvient pas à expliquer son fonctionnement, est de plus en plus sollicitée dans le milieu médical. En effet, depuis les années 2000, l’OMS en parle comme d’une méthode complémentaire efficace pour différentes pathologies dont les rhinites allergiques, l’hypertension, les sciatiques, les douleurs dentaires ou encore les risques d’AVC…
« Chez tous les hommes, la pensée gouverne le corps pour la santé et la maladie et pour tout le reste »
– ANTIPHON
La kinésiologie agit sur les 4 dimensions de l’être : l’émotionnel, le biochimique, le structurel et l’énergétique. Son but est de redonner tout son potentiel au corps, dans toutes ses dimensions, pour qu’il retrouve sa capacité « d’autoguérison ». Ce but commun à toutes les techniques dites complémentaires, en font de potentiels déclencheurs de l’effet placebo. Au vue des résultats de ce mécanisme sur certaines pathologies, il n’est pas à négliger. Et afin d’amplifier cet effet, il est primordial de choisir un-e praticien-ne avec qui on se sent bien et en confiance. Mais également choisir une technique qui nous parle.
Et si la question éthique est au cœur des débats concernant l’effet placebo, de récentes études ont montré que de parler au patient du potentiel effet placebo, si cela était assorti d’une explication, ne modifiait pas son efficacité.